Showing posts with label Sculpture. Show all posts
Showing posts with label Sculpture. Show all posts

21.5.13

Moving Closer to the Clouds. Jacques Jarrige's Dance with MDF


Labour is blossoming or dancing where 
The body is not bruised to pleasure soul.
Nor beauty born out of its own despair,
Nor blear-eyed wisdom out of midnight oil.
O chesnut-tree, great-rooted blossomer,
Are you the leaf, the blossom or the bole?
O body swayed to music, O brightening glance, 
How can we know the dancer from the dance?

William Butler Yeats*, 1928






















































Photographs © Claire Le Douaron 


* Among School Children, from The Tower, 1928



Jacques Jarrige sculpte à la main le Mdf, découpe la feuille de métal, assemble les bouts de bois ramassés dans la forêt dans une tension entre équilibre et mouvement, au plus près des choses et de la matière qu'il travaille. Il insuffle vie et rythme à ses pièces de mobilier et fait vibrer les panneaux de fibre de bois comme les découpes de métal. La ligne vivante se fait sinueuse et coule comme une eau vive, ou court vers les nuages... Entre fragilité et force de vie tout vacille, danse et refleurit. Il anime depuis  plus de vingt ans un atelier de sculpture au centre médico-psychologique de Saint-Maur. Sa recherche s'est nourrie de cet échange, l'amenant à travailler non pas la ligne tendue mais la ligne hésitante, serpentante. "Jarrige experienced a powerful artistic inspiration several years ago from an unlikely quarter —the patients of the Hôpital de Jour, Centre Médico-Psychologique de Saint-Maur in Paris, where he has taught woodworking for over twenty years. One day, upon seeing the irregular lines his patients achieved using an electric jig, Jarrige felt himself on their wavelength, in kinship with their efforts. The tremor or slight meander they produced in the wood reminded him of the natural effect of water as it eroded a riverbank, something more alive and unpredictable than the mechanical results that come from the standard use of woodworking tools. With a conscious effort, he began to introduce this new kind of hesitant, meandering line into his own work, with exciting results. In some cases, it has been applied to the surface of rectilinear cabinets, softening an otherwise geometric form."**


** Jeanine Falino, Jacques Jarrige in the Moment





 “Meanders” : Furniture in Movement

New Work by Jacques Jarrige


315 East 91st Street

New York, NY 1012





7.3.13

Delusion. Franck Evennou's Whimsical Contrasts of Scale






























In his last exhibition Artefact sculptor Franck Evennou played with form, mass and scale to evoke the artefacts of a fancy civilisation. For more than two decades he has been consistently  questioning our sense of proportion. Whatever his choice of medium- either with photography, pieces of furniture, jewelry or drawings- his work is an ode to incandescent matter and pure energy.  




Ville imaginaire, site archéologique, ruines de Tipaza, d’Herculaneum ou de Tarquinia, ville du passé ou ville futuriste, les sculptures de Franck Evennou évoquent un paysage urbain où l’homme aurait laissé d’étranges traces d’architecture minimale. L’œil écoute, aux aguets, il cherche à capter les passages, les failles, les ruptures, ce moment essentiel où soudain surgit autre chose… Les formes premières que le sculpteur recherche inlassablement ne communiquent entre elles que par le vide qui les sous-tend. Comme en poésie, chaque unité a son indépendance, l’apparition d’une nouvelle unité transforme l’espace qu’elle vient d’ouvrir. Le plus important est invisible, dérobé. L’artiste nous invite à une réflexion sur le passage, la métamorphose, le rythme. Chaque unité est comme une note de musique qui scande le temps, qui approfondit l’espace du dedans, qui accroît la géométrie du monde jusqu’à la démesure. Les codes de la représentation dans l’espace se brouillent, les repères s’évanouissent pour ouvrir vers l’expérience intime d’un infini où bruissent les âmes errantes. 


Texte de J'attends... 
pour le catalogue de l'exposition de
 Franck Evennou, Artefact, décembre 2012



Links: Franck Evennou Artefact 






Galerie Avant-scène
4 place Odéon 
75 006 Paris











29.11.12

Nothing is Quite as it Seems. Arik Levy's Connection to Nature


"We are Nature--long have we been absent, but now we return;
We become plants, leaves, foliage, roots, barks;
We are bedded in the ground-- we are rocks(...)"

Walt Whitman

We Too--How Long We were Fooled*






















1, 2 , 3, 4, 6  Photographies © Ian Scigliuzzi
5 Bookstool for Eno, 2007




Arik Levy's work reminds us that nature is always triumphant at last, whatever its degree of absence in our lives and in art. He derives complex compositions from a basic biomorphic unit which reproduce a cosmos in itself. With his myriad computered rock sculptures he creates a new genetic life with its own codes, relentlessly growing, proliferating, moving. Using a large spectrum of materials, reflective for most of them, he shows us a multi-faceted world where "nothing is ever as it seems", where a new invented gravity force is at play. Displacement, reconstruction and absence seem to be the main laws of his interaction with the landscapes and surroundings. "Very quickly I understood that these pieces are about what is missing, what I have taken off, Absence." Bridging the worlds of design and art he engages in every field that requires heart and brains; paintings, photography, stage installations for contemporary dance; his activity like his creation is versatile. His invented organic world seems to be proliferating from its own will as if eluding its creator.


Le Passage de Retz est un lieu singulier, exigeant, lumineux. Ni galerie d'art, ni musée, sa fondatrice Jacqueline Frydman le construit comme un passage de mise en relation entre création et industrie pour favoriser le développement des métiers, des savoir-faire, de la recherche et des transferts de technologie. Apparences trompeuses retrace le parcours d'Arik levy depuis ses débuts de plasticien jusque Out thereson travail de Land art aux sculptures monumentales, engagé depuis quatre ans. Le passage de Retz lui a consacré deux expositions, Light Light, Arik Levy un futur à rencontrer en 1998 et Du bois dont on se chauffe Pascal Colrat - Arik Levy en 2005-2006. 





Arik Levy Apparences trompeuses
Passage de Retz
21 novembre 2012 - 13 janvier 2013
9 rue Charlot
75 003 Paris 
















12.9.12

D'un monde à l'autre. Les rites de passage de Franck Evennou

"We wake, if we ever wake at all, to mystery, rumors of death, beauty, violence…"
 Annie Dillard, Pilgrim at Tinker Creek






























1&2 Dessins à l'encre de chine,série Shaman, 2011,16x22cm
3&4 Totems en chêne ,2008,20x20x240cm
5 Gobelet en bronze et feuille d'or blanc, 1989
6&7 Bijoux en argent
8 Poutre sculptée en chêne, 2011,20x130cm9 Os, 2012, 15,5cm
10 Galets  gravés, 2012
Photographies, courtesy  Frank Evennou



Ce qui frappe dans l’œuvre de Franck Evennou c’est son foisonnement vivant, sa capacité de capter l’énergie des matériaux qu’il travaille pour en révéler l’essence première. Les feuilles de bronze de ses chenets bruissent du vent des forêts, ses totems sculptés dans le bois proclament la mémoire ancestrale des chênes. Qu’il cherche à capturer la sylve dans le bronze, les calmes profondeurs des abysses du monde marin ou le jaillissement d’entités volcaniques, c’est le mystère du vivant, la violence de l’ici et maintenant qu’il donne à voir et à sentir.
Son regard est resté proche de celui de l’enfant qui observait l’infiniment grand avec la même fascination que l’infiniment petit. "Quand j’étais gamin, je pensais que les mêmes lois devaient régir l’organisation des étoiles et celle des fourmilières. Je me disais que nous sommes toujours la fourmi ou le géant d’un autre ".
Deux mondes, à des échelles différentes, mais obéissant aux mêmes principes fondamentaux.

Il refuse les catégories qui limitent et enferment. "Je voudrais qu’on comprenne que dessins, bijoux, photographies, mobilier ou sculptures, tout mon travail procède de la même démarche. Il n’y a pas de frontières entre les domaines". Il semble à la recherche d’un même souffle, d’un même rythme, d’une même rigueur et concision des formes et des lignes, d’une même quintessence. On retrouve dans ses différentes formes d’expression des correspondances formelles, la ligne d’un dessin à l’encre de chine dans la courbe d’une assise, dans les "coupes nacre" ou  poisson", dans le "miroir volcan", une même figure d’entrelacs court d’une création à l’autre. C’est qu’il est sans doute un peu chamane et qu’il joue avec les notions d’échelle, d’espace et de temps pour faire advenir l’échange entre les différents règnes végétal animal ou minéral, les différentes temporalités, le monde de la matière et le monde de l’esprit. Il avoue s’intéresser au chamanisme depuis longtemps. "Le chamane est un intercesseur entre le monde des morts et le monde des vivants, un passeur de frontières et de territoires entre le visible et l’invisible. Il est celui qui assure à la communauté les faveurs des esprits et une chasse favorable". Il se rappelle ses après-midi de petit garçon dans l’ancien Musée de la Porte Dorée, passés à hanter les salles d’art africain et océanien. "Je me souviens des salons du Maréchal Lyautey et de Paul Raynaud, au rez-de-chaussée, aménagés par les grands noms des arts décoratifs, et les hautes salles d’art africain et océanien, c’était pour moi un univers merveilleux et mystérieux à la fois avec ces objets rituels porteurs d’une profonde spiritualité ".

Il y a dans toutes ses pièces, petites ou grandes, une même expression de monumentalité et de puissance, une même présence immatérielle, une même énergie incandescente qui rayonne et fait immanquablement penser aux Vers dorés de Gérard de Nerval: "Un pur esprit s’accroît sous l’écorce des pierres". Franck Evennou est très attentif au monde inanimé qui l’entoure, aux petits trésors insignifiants qui font les débris de notre civilisation. D’un fragment d’écorce, il déploie les plis et drapés d’une présence féminine, d’un petit os trouvé dans la terre, il fait jaillir un totem qui paraît surdimensionné, d’une pierre obscure et polie naît un masque empreint de magie; une collection de coraux patiemment triés et choisis sur une plage des antipodes révèle d’antiques bustes en miniature. Quelques traces de fusain ou traits de plume et d’encre suffisent à ces épiphanies. Il faut dire qu’il pratique le dessin comme une ascèse quotidienne, un relevé de ses états émotionnels.


Très tôt, lors d’une exposition au Musée des Arts Décoratifs où il voit exposés côte à côte trois petits nus sculptés, une Vénus de l’époque préhistorique, une petite ébauche des années 20 et un objet rituel d’origine africaine, il acquiert la conviction, devant leur similitude esthétique, qu’au-delà du temps, des espaces géographiques et des cultures, l’art permet aux êtres humains de communier sur des enjeux communs. Le catalogue raisonné des œuvres de l’artiste nous parle de civilisations perdues, de mondes inconnus, de mythes inlassablement réinventés, de rituels oubliés, toute une archéologie fantasmée de son propre espace imaginaire. "Ce qui guide mon travail c’est la recherche et la combinaison de formes premières, de motifs ou de symboles qui peuvent parler à chacun de nous. Dans l’esprit de Jung, les hommes naissent avec un inconscient collectif, un fonds commun de formes primitives chargées de spiritualité. Je ne suis pas sûr que cela soit une réalité mais cette proposition poétique me plaît". Avec Franck Evennou, on se prend à rêver de mémoires archaïques, de "vastes portiques", de "palmes", d’un univers originel, de vies antérieures où "tout y parlerait à l’âme en secret sa douce langue natale".










  

5.9.12

Working with the Forces of Nature. David Nash's Deep Knowledge of Trees



"Each place has materials particular to its geography, flora and geology. 
Each moment in that place is also particular: determined by the seasonal cycle and local weather.
Each hearth is thus an encapsulation both of a fleeting moment and the physical constancy of a particular environment."
David Nash























1  Portrait of David Nash, © Nicolas Sinclair
2&3  David Nash, Ash Dome a ring of ash trees planted in 1977
4 David Nash, Pyramids Rise, Spheres Turn, and Cubes Stay Still, charcoal on paper, 2000
5  David Nash,Wooden Boulder 400x360, 1978
6 David Nash's studio, Capel Rhiw, Blaenau Ffestiniog
7 King and Queen363 x 68 x 34 cm / 362 x 68 x 34 cm, 2011


In the early sixties, David Nash's father bought Cae'n-y-Coed , a 2,5 hectare parcel of land in North Wales meaning 'field in the trees'. "I had been to a retrospective exhibition of David Smith's sculpture at the Tate Gallery in London and had been struck by the extraordinary ease with which he handled steel, cutting, heating, pounding and welding it as if it were clay in his hands. David Smith spoke steel. I realised I needed to try to be as  fluent with my material, to learn to 'speak' wood and to allow the material to lead me. Hitherto I had been treating wood as a dumb, inert material, using it to invent forms without understanding or taking account of its origin."  Since then the artist began investigating a growing, 'coming' process and a decomposing, 'going' process. The Ash Dome, planted 1977 was his first 'coming' engagement, and the Wooden Boulder, which began its journey in 1978 became his first 'going' one. Ash Dome is still alive in a secret location somewhere in Snowdonia and goes on merging with its environment; Wooden Boulder returned to the land where it came from, it has now disappeared in the estuary of the river Dwyryd, just as David Nash wished it. "My feeling/thinking senses were meeting the deeper 'thinking' of natural forces. Each branch that I pulled, sawed and stacked contained its journey from being part of a living, growing plant to becoming a separated object paused between life and decomposition." Engaging with, and celebrating, the potency of the elements rather than regarding these as a negative force  worked as a liberation to him. "Cae'n-y-Coed became for me an access point into vitality and dynamic thought, enormous in its simplicity."


 David Nash's quotes are taken from David Nash,
Thames and Hudson, 2007




 David Nash at Kew Gardens: a Natural Gallery until April 2013










26.4.12

Bestiary(4) L'étrange et le merveilleux de Denis Polge












Série Animals







Série Fetish


S’il est au sens classique du terme un sculpteur animalier – allant jusqu’à fondre dans le bronze comme Barye, Pompon ou Flanagan taupe et mulot -, quand le plus gros du bestiaire fait l’éloge de la collecte des matériaux et du bricolage, il ne peint qu’en de rares occasions des animaux à plume sauf quand il chasse sur les terres des Primitifs italiens. De cet amour, il dit : Vivent les animaux à poils, à panaches (sauf les autruches)! Tout ce qui a du pelage et de la moire de plume. Tout ce qui appelle à être touché du regard, c'est-à-dire non touché. Tout ce qui procure une jouissance ou sa frustration, sa retenue… du pubis et de la couleur.


Il ajoute : Oui il y a du plaisir en même temps que de la frustration... Mais c'est très bien comme ça. La frustration c'est ce qui permet de renouveler le plaisir. Et ce qui le préserve d'être consommé; ou ce qui lui permet d'être consommé à nouveau sans en être jamais rassasié... 
Il déclare aimer : Les oiseaux aux pieds de Saint-François, les pigeons et les coqs qui sont plus merveilleux que les paons. Les chèvres de Giotto. Mais j’aime aussi les papiers de bonbons, les scories des trottoirs (Paris est plein de pétales entre les coulures de pisse). Et les fleurs de courge*.
*Ecrits de Denis Polge, Lagnes, octobre 2010, correspondance avec l’auteur. 
Xavier Girard, Fragments de paradis. Extrait.


Animal Fétiche

Il les appelle ses petits objets votifs, ses attrape-cauchemars. De quels fantasmes sont-ils les leurres? De quel fonds sont-ils l'inventaire? De quelles scories et reliquats de l'âme sont-ils la conjuration? Entre jouissance et frustration, ils se tiennent sur le territoire hésitant de la psyché enfantine mêlant innocence et culpabilité. Qu'ils disent le malaise de pulsions primitives, qu'ils soient les vestiges de petits meurtres ou de petites prières instantes, ils interrogent l'essence même de notre civilisation*. J'éprouve un frisson de curiosité à l'idée de peut-être un jour pousser la porte de cet atelier. 








Denis Polge, Fragments de paradis,  texte de Xavier Girard. La Pionnière, 2010
Denis Polge, Autres Rives,  textes de Xavier Girard et Henry Mathieu. Le Promeneur,Gallimard, 2009
Denis Polge, Les Eaux Dormantes,  textes de Patrick Mauriès, François-Xavier Lalanne, Richard Stamelman, Henry Mathieu. Le Promeneur, Gallimard 2007





Denis Polge est un des artistes de la Galerie F. de Nobele, 2 rue  de Bourbon Le Château , Paris VI




*Freud,  Malaise dans la civilisation, 1930