24.6.12

Beauté et effroi. Damien Hirst's Exhibition at the Tate



“I want art to be life but it never can be.” 























1 The physical Impossibility of Death in the Mind of Someone Living, 1991
  2 A Thousand Years, 1990
In and Out of Love (Butterfly Paintings and Ashtrays), 1991
4 'Sympathy in White Major - Absolution II’, detail, 2006
The Incomplete Truth, 2006
Photographed by Prudence Cuming Associates © Damien Hirst and Science Ltd. 


"Agony and Extasy" are the feelings you experience while visiting Damien Hirst's first major retrospective at the Tate Gallery. You feel overwhelmed by horror and beauty and knocked down by a carefully crafted sensational impact playing with your nerves. But more deeply you are trapped and you cannot escape thinking about death and the meaning of life. As art historian Rudy Fuchs analysed in Minimal Baroque and Hymns,"Many of the important themes in Hirst’s art, even when they are ambiguously expressed or genuinely puzzling, are religious by nature. Religious references are undeniably part of its idiosyncratic and iconographic atmosphere. I am not suggesting that it is Christian, but the images employed or implied, and the language of the titles, were clearly born out of ecclesiastical and biblical traditions. Death and life, pain and suffering, love and sacrifice, birth and decay, remorse and celebration, compassion: they are not only conditions and emotions central to everyone’s existence, but their relevance and profundity also originate and are shaped, in depth, by our religious and artistic history. Their deep meaning sounds mightily, also for the agnostic, in ‘Paradise Lost’.

Of man's first disobedience, and the fruit

Of that forbidden tree, whose mortal taste
Brought death into the World, and all our woe. 
With loss of Eden..."

Key works from the artist’s most important series are displayed together with one of Hirst’s most iconic works, the ‘Natural History’ piece, ‘The Physical Impossibility of Death in the Mind of Someone Living’ (1991). These include a collection of the ‘Medicine Cabinets’ exhibited at Hirst’s Goldsmiths degree show in 1989 and the seminal fly vitrine, ‘A Thousand Years’ (1990) – considered by the artist to be amongst his most significant pieces. The artist Lucian Freud stated that, with ‘A Thousand Years’ being one of his earliest exhibited pieces, Hirst had perhaps “started with the final act”.






Tate Modern's Damien Hirst exhibition
4 April- 9 September 2012




A lire l'article de l'historien d'art Rudy Fuchs, Minimal Baroque and Hymns




I’ve got an obsession with death … But I think it’s like a celebration of life rather than something morbid. D.H.


The whole smoking thing is like a mini life cycle. For me, the cigarette can stand for life. The packet with its possible cigarettes stands for birth, the lighter can signify God, which gives life to the whole situation, the Ashtray represents death […] being metaphorical is ridiculous, but it’s unavoidable. D.H.











19.6.12

Monde clos. Maria Hofker's Enchanted Garden

A  Paul & Anja 

"Etre seule dans mon jardin.
Dès que j'entre au jardin, le temps disparaît, l'âge ne compte plus. J'ai la certitude que rien de triste ne peut m'y arriver, si ce n'est la difficulté de le quitter".




















1 Maria Hofker in her garden. Photography Marÿke Heuff
2 Watercolour by Maria Hofker
3 & 4 Georg Rueter's garden In Sloterdijk. 
 Maria Hofker's father taking care of his roses. Photos Uitgeverij Waanders, Drents Museums



La couleur jaune du billet précédent sur le musée Frans Hals et le voyage à Haarlem et Amsterdam m'ont remis en mémoire une personne qui m'a accompagnée très longtemps bien que je n'ai pas eu la chance de la rencontrer dans la vraie vie. J'avais conscience d'habiter pas très loin de son jardin lorsqu' elle s'en occupait encore. Et cette pensée, pour moi emplissait les canaux, la ville entière d'une puissance végétale et bienfaisante. Elle est morte en 1999 et j'ai bien souvent pensé à elle quand j' habitais sur le Herengracht,  que j'arpentais les canaux d'Amsterdam et me perdais dans la verdure de Prinseneiland avec un ami photographe. Un vrai "Amsterdamer" qui connaissait le nom et l'emplacement de chaque arbre de sa ville natale. Qu'importe puisque le monde du  réel est moins fort que le monde de l'imagination; il passe quand les forces de l'esprit demeurent. Maria Hofker a voulu garder la trace de ce passage dans ses aquarelles. Ses carnets disent sa joie et son émotion à contempler son jardin. C'est une parcelle  ordinaire parmi des centaines d'autres, de 16 mètres sur 17 dont elle a fait un jardin sauvage en cultivant des centaines de vivaces et de roses. 


"Autrefois j'aurais souhaité un grand jardin, mais j'ai compris que le bonheur ne vient ni de la dimension, ni de la possession. Avec l'âge qui arrive, je suis ravie de sa taille et le fait de le louer ne change rien. Dès que j'entre au jardin, l'âge disparaît, l'âge ne compte plus. J'ai la certitude que rien de triste ne peut m'y arriver, si ce n'est la difficulté de le quitter". M.H.



The yellow colour of the post on the Frans Hals Museum in Haarlem reminded me of a person I never knew in real life but whose vegetal presence was very dear to me, Maria Hofker. I was very much conscious to live in her neighbourhood when I inhabited a house on Herengracht. Walking around through Amterdam's streets and canals with a true "Amsterdamer" friend, a photographer born in Amsterdam who knew the name and the place of each tree in his beloved city, I felt the fairy presence of the green. Sloterdijk was but only a few metres away "as the crow flies."    
Maria was born in July 1902  in the family house in Sloterdijk. Her father Georg Rueter was an artist - a painter, an illustrator and designer. He also was a very sensitive gardener. He had created an enchanted garden at the back of their house. Unfortunately in 1956, big changes were looming. Due to the city of Amsterdam's  expansion projects, the family  was expropriated. Their heart was broken but they endured uprootedness with dignity and fortitude. Nethertheless Gerarda died in November the same year. Maria Hofker's father and mother  were already aged 85 and 86. 






















 5 Willem. G. Hofker, Maria Hofker's husband. Self-portrait, 1935
 6 Petruskerk, Sloterdijk. Engraving by Georg Rueter
7 Marie-France Boyer, Marÿke  Heuff, Le jardin enchanté de Maria Hofker,  Editions du Chêne, réédition 2009 







18.6.12

Voir le hasard. Bernard Plossu' s photographies of Giverny



A Marianne, pour son anniversaire















1 Vue de la fenêtre de Monet à Giverny, photographie Bernard Plossu
2 Catalogue de l'exposition 
3 Monet dans son jardin, photographe inconnu







Depuis longtemps Bernard Plossu s'est débarrassé du grand angle pour un appareil Nikkormat équipé d'un objectif de 50 mm, objectif le plus proche de la vision humaine. Pour capter la poétique de l'espace propre à Monet et à sa vision de Giverny, il a choisi de travailler sur des formats miniatures (11,4x7,6) pour les tirages noirs et blancs. "La miniature concentre la lumière, impose au spectateur de s’approcher et d’entrer dans l’image. Pour voir le hasard, il faut être dans cet état de disponibilité que permet l’extrême concentration." Les photographies en couleur sont des tirages mats au charbon de Fresson, les photographies en noir et blanc sont tirés sur du papier ton chaud de Guillaume Geneste. C'est en 1967 que Bernard Plossu a rencontré les fils et petit-fils de Théodore-Henri Fresson, l'inventeur du procédé du même nom. Débute alors une relation d'amitié entre le photographe et le maître-tireur Pierre Fresson: "J’ai immédiatement eu le coup de foudre, je ne m’attendais pas à ce qu’un tirage restitue aussi fidèlement les couleurs et l’ambiance du moment. C’est le papier mat qui permet cette sensation, avec le papier brillant, pour moi, c’est trop clinquant. Avec Fresson, pas de couleurs agressives et chaque tirage est unique, il y a presque du relief. On effleure les saisons, les arbres vibrent, le vent murmure… En un mot, Michel Fresson est mon traducteur."

Monet intime Photographies de Bernard Plossu
Exposition du 8 juin au 31 octobre 2012 
Musée des impressionnismes de Giverny

Catalogue Monet intime, Bernard Plossu à Filigranes Editions



Claude Monet s'est installé à Giverny à l'âge de 43 ans, il y est resté 43 ans. Il a donné couleur et matière à son rêve de maison. Aveugle, il a continué de peindre en se fiant au numéro sur ses tubes de peintures. Il n'a pas pu atteindre son rêve mais il est mort en s'en approchant. Pour un éclairage phénoménologique sur sa rêverie de l'espace, quelques extraits du texte de Gaston Bachelard , La poétique de l'espace. Un livre à prendre comme livre de chevet , à lire et à rêver dans le silence, la lenteur et la solitude d'un espace clos, d'un nid, d'une coquille.

Pour une étude phénoménologique des valeurs de l’espace intérieur, la maison est, de toute évidence, un être privilégié, à condition, bien entendu, de prendre la maison à la fois dans son unité et sa complexité, en essayant d’en intégrer toutes les valeurs particulières dans une valeur fondamentale. ... A travers le souvenir de toutes les maisons où nous avons trouvé abri, par delà toutes les maisons que nous avons rêvé habiter, peut-on dégager une essence intime et concrète qui soit une justification de la valeur singulière de toutes nos images d’intimité protégée ?
Car la maison est notre coin du monde. Elle est— on l’a souvent dit— notre premier univers. Elle est vraiment un cosmos. Un cosmos dans toute l’acception du terme. Vue intimement, la plus humble demeure n’est-elle pas belle ? … Dès lors tous les abris, tous les refuges, toutes les chambres ont des valeurs d’onirisme consonantes.  … Les vrais bien-être ont un passé. Tout un passé vient vivre, par le songe, dans une maison nouvelle. … Dans ces conditions, si l’on nous demandait le bienfait le plus précieux de la maison, nous dirions : la maison abrite la rêverie, la maison protège le rêveur, la maison nous permet de rêver en paix. … La maison dans la vie de l’homme, évince des contingences, elle multiplie ses conseils de continuité. Sans elle, l’homme serait un être dispersé. Elle maintient l’homme à travers les orages du ciel et les orages de la vie. Elle est corps et âme. Elle est le premier monde de l’être humain. Avant d’être «jeté au monde », comme le professent les métaphysiques rapides, l’homme est déposé dans le berceau de la maison.   
Chapitre 1 La maison de la cave au grenier,  le sens de la hutte

Sometimes the house of the future is better built, lighter and larger than all the houses of the past, so that the image of the dream house is opposed to that of the childhood home…. Maybe it is a good thing for us to keep a few dreams of a house that we shall live in later, always later, so much later, in fact, that we shall not have time to achieve it. For a house that was final, one that stood in symmetrical relation to the house we were born in, would lead to thoughts—serious, sad thoughts—and not to dreams. It is better to live in a state of impermanence than in one of finality.
Chapter 2 House and Universe





Gaston Bachelard, La poétique de l'espace, PUF, 1958.
















16.6.12

L'infini en question. Massimo Listri's perspective
























Reggia di Venaria II, Piemonte 2007 
Reggia di Venaria I, Piemonte 2007 
Palazzo Reale III, Stockholm, 1998
4 Biblioteca di Michelozzo a S. Marco, Firenze, 2009
5 Stupinigi I, Piemonte, 2007  



photos © Massimo Listri


When asked about his distinctive manner and technique, Massimo Listri reveals that it is purely a question of sensibility. "Intuition is something you cannot learn, it is your emotions, the way you look at your subject. Technique is just a tool which we all have to learn at the beginning of our career." Is everything a question of perspective or of approaching life from the right vantage point? "My photography is an expression of tranquility and silence in this chaotic society -a sense of perspective and equilibrium. This is therapy for the soul. Every time I take a photo is like the first time a treasure is revealed, a first emotion, be it an empty room or the greatest treasures of the Vatican." It might be that those photos are so fascinating because they confront us with a meditation on the nature of the infinite. Massimo Listri declares that his work was  strongly influenced by Piero della Francesca. More about Massimo Listri on Yatzer.









12.6.12

Album de famille. The embroidered secrets of Carolle Benitah


















1 2 3 Photographies de Carolle Benitah. 
"Je brode des cafards mais ils ont des ailes d'ange"




L'artiste-photographe Carolle Bénitah exhume les albums de famille de son enfance. Elle brode ces images d'instantanés retravaillés au scanner avec un fil rouge, couleur qui symbolise pour elle les émotions violentes d' une enfance passée à Casablanca. Le passé n'est ni fixe, ni fini mais reconstitué par le présent. Les instantanés sont liés au souvenir et à la perte. L'acte de broderie est pour elle un acte de réappropriation.  "Pour broder j'utilise une aiguille. Chaque trou est une mise à mort de mes démons. C'est comme un exorcisme. Je perce le papier jusqu'à ce que je n'ai plus mal." La broderie et le perlage exigent un travail lent et précis, ils sont la métaphore d'une fabrique minutieuse de soi. "Ce sont des artifices purement décoratifs que je pervertis dans un propos de rébellion". Dans le milieu où elle a grandi, la brodeuse était vue comme un parangon de vertu, cette activité étant réservée "aux jeunes femmes parfaites". "Entre merveille et effroi, je revisite le souvenir de l'enfance tout en mettant à jour les représentations culturelles conscientes ou inconscientes du rôle traditionnel de la femme et des schémas de la famille." 


Du 7 juin au 14 juillet à la galerie de l’Aimance à Casablanca.


A signaler le très bel article de Martine Ravache dans le n°50, printemps 2012 de  de l'air, qui met l'accent sur le désir de l'artiste de donner une dimension universelle à son histoire personnelle. "Recycler est le bon mot pour qui transforme une histoire personnelle en sort commun sur lequel chacun peut se projeter."







Martine Ravache Comprendre et décrypter les images photographiques, stage dans le cadre des Rencontres d'Arles
Du 4 au 6 juillet 2012 (3 jours)  






11.6.12

Traces et mémoires imaginaires. Le monde marin d'Athéna Poilâne



"Tout scintille et le songe est savoir."
Paul Valéry, Le cimetière marin








































Flechettes / 2011 /vellum, acrylic, wood on canvas 
2 Le fort des rimains / 2009 /q-tips and acrylic on canvas detail
3 Imprints / 2011 / paper, yarn and acrylic on canvas  
Box 4 (series II) / 2010 / mixed media  detail 
Box 5 (seriesII) / 2010 / mixed media  
6 Ipnops necklace - silver
7&8 Vues de son atelier

A n'en pas douter la mer est pour l'artiste française installée à Brooklyn, Athéna U. Poilâne, un grand diamant, "un espace clair qui scintille". Chaque fragment ramassé semble se transformer sous son regard en événement pur. Chaque ombre, chaque creux se transforme en "forme pensive", en archéologie  marine. Ce sont les souvenirs et les émotions d'une enfance passée sur les plages de Bretagne  qu'elle recycle en bijoux, en sculptures, en boîtes "que de fins éclairs consume". Elle a choisi d'ancrer son travail dans le terreau de la mémoire et du regard juste, comme en témoigne son parti-pris d'artiste: "As a child, I spent my summers by the sea and developed a fascination with the natural environment that surrounded the French Brittany coast. I was always encouraged to look around me for the beauty in details that were seldom noticed and made it a habit to look for the trace of time on the discarded; rust on a chain, barnacles growing on rocks in shallow water. Evidence of nature taking over and transforming things as time passes has been an inspiration in how I handle material and experience my work. I’m interested in bringing together unusual objects that are both natural and man-made, to create hybrid portraits that illustrate an imagined memory."
    







A voir son journal visuel "Inspiration and Jewelry" sur Tumblr.





Opales d'Ethiopie





Vernissage de l'exposition Athéna U. Poilâne


 Tableaux, Sculptures, Bijoux 
à IBU Gallery le 14 juin de 18h à 21h
 Exposition jusqu'au 30 septembre 






Jardins du Palais Royal 




166 Galerie de Valois, Paris 1°
Contact: Cyril Ermel, IBU Gallery