2.8.12

Sur la route des vacances (4) Sophie Calle, la chapelle des Célestins, huile d'olive et jansénisme


















1, 2, 3 Sophie Calle à la chapelle des Célestins, photographies J'attends
4  Décor en marqueterie intérieur d'une porte  de l'armoire qui renfermait les trésors de la sacristie de la chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon




Dans l'étonnante chapelle des Célestins, Sophie Calle expose les reliques de Rachel, Monique dans une mise en scène ambiguë de sa relation à sa mère. Si son travail nous laisse perplexe, le lieu est d'une beauté mystique et sublime. Un lieu pour le recueillement et l'élévation qui résiste aux kitscheries les plus égocentriques. Ces excès ou ces manques, deux versants d'une même dialectique, nous préparent à acceuillir de plus subtiles émotions. En allant chercher l'huile d'olive du Moulin de la Chartreuse, goûté chez Thierry Baucher au restaurant Les Cinq sens, nous découvrons par hasard les trésors cachés du Musée Pierre de Luxembourg de Villeneuve-lès-Avignon. Installé dans une ancienne livrée cardinalice du XVIe siècle, il abrite de très belles oeuvres de la peinture française et provençale des XVe, XVIe et XVIIe. L'accueil est magnifique, autant que les collections. Cédant à notre curiosité, la jeune assistante du conservateur nous ouvre les portes d'un exceptionnel meuble à secret début XVIIe siècle provenant de la Chartreuse du Val de Bénédiction. Les peintures de Philippe de Champaigne présentées à hauteur des yeux, montrant à l'échelle un les personnages de la Crucifixion et de la Visitation nous affolent par leur bleu marial fait de précieux lapis-lazzuli rapporté d'Orient et leur composition d'une extrême rigueur. Deviendrions-nous des Solitaires jansénistes? 




Ambigu 


Dans une niche, le journal de cette mère devineresse et divine est ouvert à un 31 décembre. Certaines pages ont donc été déflorées avant lecture. Sur celle-ci, il est question de «l’arrogance égoïste de Sophie. Seule consolation. Elle est tellement morbide qu’elle viendrait me voir sous ma tombe beaucoup plus souvent qu’à la rue Boulard.» La mère, décidément, paraît avoir prévu l’exposition que sa fille lui dédie. On se demande alors, mais on se le demandait déjà, si Sophie Calle n’a pas écrit elle-même ces journaux intimes, si tout cela n’est pas une création née du chagrin, du souvenir, de l’idée, d’une volonté espiègle de faire la nique au temps et aux frontières qui nous séparent les uns des autres. Bref, on se demande si elle n’a pas bâti elle-même, comme une petite fille, plus de la moitié du pont qui la relie à celle qui n’est plus. Le sens du mausolée n’en serait pas moins riche et nous en dirait tout aussi long, c’est-à-dire aussi peu, sur les rapports qu’entretient, à travers l’imagination, chacun avec sa propre image, et toute réalité avec cette ombre qui l’accompagne, et que certains continuent d’appeler fiction. Bref, si ce qu’on voit est vrai, c’est bien ; si c’est faux, c’est encore mieux.

Extrait du bel article de Philippe Lançon dans Libération 






Sophie Calle
Rachel, Monique
8-27 juillet 2012
Eglise des Célestins 
Avignon


Musée Pierre-de-Luxembourg



3, rue de la République 
30400 Villeneuve lès Avignon
04 90 27 49 66



Les Cinq Sens*
18 rue Joseph Vernet
84 000 Avignon 


Cuvée terroir Médaille d'or Paris 2011
Moulin à huile de la Chartreuse
 de Villeneuve  et des Pays d'Avignon


Centre Historique 
Rue Pouzargue
Villeneuve-lès-Avignon 








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