13.12.12

Comme une forêt de fil. Kwangho Lee's Knots Beyond the Inevitable



Ordinary objects can become something else.

Kwangho Lee






























Weaving the memories of his childhood on a farm, Korean designer Kwangho Lee celebrates the simplicity and happiness of his ancestors' life. With his project, Very Korean, he aims at looking deeper into himself and the nature around him to connect back to "materials, behaviours, habits and scenes that were passed down through generations." Knots remind him of his grandfather cutting and tying the remains of rice straws and of his mother knitting clothes for him. "Knot-beyond the inevitable series started because I believe that, like my grandfather and many years back in history, tying and making a knot is a human instinct. Humans invented many kinds of knots for survival like fishing, hunting, building houses, transporting things. Like the past, these instinct acts are still within us. It is passed down from our parents, from our ancestors and because it is inherited, the instinct can serve a meaning more than just a simple action. The ability to change or make things with my hands is the same ability that everyone possesses. I wish that with this ability, people become more active when looking at other people or objects. "His woven-wire lamps are a tribute to his mother's knitting hobbies. "I saw the neat pile of electric wires as yarns and soon decided to knit my own. Other than knitting with needles, I developed a new way of weaving the rubber but solid wires into long, scarf-like or brush-like form of lighting. They are weaved by one long wire which varies in length -from 10 to 300 meters." 



1 Action, Reaction, Interaction, collaboration with Nameless
2 Woven wire lamp 2010 for Johnson Trading Gallery
3 Drawing New lamp, 2011
4 Solo exhibition, Comme une forêt de fil, Solo Exhibition Canada, April-June 2008
5 Woven, Johnson Trading Gallery, May 2009
6&7 Rice straws
8&9 Knots inspiration
10 Knot jewelry, The Power of Love, 2007
11 Armchair, Work for Kosid, Korean Society of Interior Architects / Designers
12 Rice straw, heavy duty conveyor belt for the purpose of moving, 2007

13 Kwangho Lee as a child wearing his mother's knitted clothes













11.12.12

En nous la vie des morts. Muriel de Crayencour's Invisible Guests



“The purpose of poetry is to remind us
 how difficult it is to remain just one person,
for our house is open, there are no keys in the doors,
 and invisible guests come in and out at will.”

Czselaw Milosz, Ars Poetica




























Paniers, stays and jabots
Fashion in the 18 th century
Costume and Lace Museum

Rue de la violette 12
1000 Bruxelles

30. 03. 2012 - 31.12.2012



Jewelry designer Christa Reniers shows her creations with Muriel de Crayencour's last work La vie délivre.
Par un rehaut de broderie au fil de couleur ou d'or, un unique trait de pinceau, Muriel de Crayencour donne un nouveau sens aux textes, les visite et se les approprie comme par effraction tout en se libérant de ses démons. Laissant une grande place à l'inconscient, au surréalisme et aux hôtes invisibles, une nouvelle narration pudique et elliptique se laisse deviner entre les pages des livres fermés. Un très beau catalogue donne toute son unité et son sens au propos. Chaque motif cher à l'artiste s'approfondit du voisinage des autres. "On dirait que poussent de la mer d'innombrables mains".



Murielle de Crayencour expose chez Christa Reniers

61 rue Lebeau 
1000 Bruxelles

18.10.2012 - 2.01.2013










Photographies  © J'attends...

9.12.12

Il n'y a pas de pas perdus. Eric Hazan réinvente Paris



Quand le soleil cruel frappe à traits redoublés
Sur la ville et les champs, sur les toits et les blés,
Je vais m'exercer seul à ma fantasque escrime,
Flairant dans tous les coins les hasards de la rime,
Trébuchant sur les mots comme sur les pavés, 
Heurtant parfois des vers depuis longtemps rêvés.

Baudelaire, Le  Soleil*























"Ma vie entière n'a été qu'une longue rêverie divisée en chapitres par mes promenades de chaque jour." Cette phrase de Rousseau dans ses Notes écrites sur des cartes à jouer, Eric Hazan pourrait la faire sienne. Son livre L'invention de Paris se lit et se relit comme une rêverie, comme une flânerie. Il n'y a pas de pas perdus dans les dédales de la pensée de l'auteur; on peut la parcourir en tout sens et découvrir des passages insoupçonnés entre les différentes murailles de Paris, les diverses époques, la grande histoire ou la littérature ménageant des effets de surprises qui relient dans une même géographie réinventée le réel et la fiction. La référence omniprésente aux personnages de récits accroît la vie passée, présente et à venir de la ville de tout l'imaginaire des romans qui ont façonné son image. Le premier chapitre intitulée Psychogéographie de la limite trace à grands traits l'évolution de Paris, au travers de ses enceintes successives en soulignant la force de rupture inscrite dans sa morphogenèse. Un saisissant raccourci de l'histoire de l'éclairage  public et du maintien de l'ordre laisse affleurer un temps long discontinu et souterrain à l'oeuvre dans l'inconscient collectif. Habité par le souvenir de ses lectures - Balzac, Proust, Baudelaire, Walter Benjamin, Sébastien Mercier, l'auteur nous fait ressentir combien la construction de Paris relève davantage du mythe que de la géographie. Prenant le parti "des anonymes, des obscurs, des sans-parts, des architectes du désordre, qui de génération en génération, se sont transmis l'art d'empiler les magiques pavés", il fait dans Paris rouge une histoire symbolique de la révolution parisienne dont la grande forme est la barricade. Les deux derniers chapitres Les flâneurs et Les belles images sont une ode à tous ceux qui "depuis le dix huitième finissant ont initié la modernité en prenant la grande ville comme matériau et l'errance comme support de leur création." Le livre est paru en 2002, il est maintenant réédité dans la collection Beaux livres de Hatier avec une belle et riche iconographie. 


*Cité par Eric Hazan, L'invention de Paris, chap. Les flâneurs, p. 436, Seuil, 2002
Le choix  des  images vient des analyses de Eric Hazan, L'invention de Paris,  chap. Les belles images, Seuil, 2002













Eric Hazan, L'invention de Paris
Beaux Livres, Hatier, 2012



Walter Benjamin, Paris capitale du XIX° siècle,
 Le livre des passages, éditions Allia 






Marchand d'abat-jour, rue Lepic, Montmartre, 18e arrondissement, 1899 © Eugène Atget / Musée Carnavalet / Roger-Viollet 
Marchand ambulant, place Saint-Médard, 5e arrondissement, septembre 1899 © Eugène Atget / Musée Carnavalet / Roger-Viollet 
3 Robert Doisneau, Les halles 1933 © Robert Doisneau 
4 Charles Marville, rue des  Marmousets par la rue saint Landry, Paris, 1858 
5 Edouard Manet The Railwayoil on canvas, 1873, National Gallery of art Washington
6 André Kertész, Un matin d'hiver au café du Dôme, 1928 Ministère de la Culture, Médiathèque de l’Architecture et du Patrimoine, Rmn © Donation André Kertész