A Janus, dieu des commencements et des fins,
des choix, des clés et des portes
Une porte ouverte dont la présence au premier plan fait la part belle à son chambranle et à son envers panneauté, une autre à peine esquissée dont la forme cintrée ne laisse entrevoir son ouverture que par son absence, signifiée par un pan de lumière plus intense, les plis d'un lé de rideau dans l'ombre se substituent à la présence d'un majordome silencieux qui présiderait à l'ouverture et à la fermeture, au passage et au chemin ; un carrelage en damier accentue la perspective pour mieux orienter notre regard vers le secret de cette porte qui se dérobe dans l'élévation vers la lumière, vers le théâtre de l'entr'ouvert de la peinture d'intérieur du Siècle d'or hollandais. La frontière objet-sujet s'abolie dans la douceur des dégradés de gris et le velouté d'une impression aux pigments, dans les jeux de lignes et de plis d'une écriture de lumière. L'oeil se tient sur cet entre deux où il recueille l'énergie des mutations, des passages et des flottements d'un monde où le silence remue, où les frontières vacillent, où n'est pas perçu ce qui croit percevoir, où croît et s'accroît la vie muette et profonde des choses.*
LES PLAISIRS DE LA PORTE
Les rois ne touchent pas aux portes.
Ils ne connaissent pas ce bonheur: pousser devant soi avec douceur ou rudesse l'un de ces grands panneaux familiers, se retourner vers lui pour le remettre en place, - tenir dans ses bras une porte.
... Le bonheur d'empoigner au ventre par son nœud de porcelaine l'un de ces hauts obstacles d'une pièce; ce corps à corps rapide par lequel un instant la marche retenue, l'œil s'ouvre et le corps tout entier s'accommode à son nouvel appartement.
D'une main amicale il la retient encore, avant de la repousser décidément et s'enclore, - ce dont le déclic du ressort puissant mais bien huilé agréablement l'assure.
Francis Ponge, Le parti pris des choses
Friederike von Rauch
La Galerie Particulière
16 rue du Perche
Paris 3
La Galerie Particulière
14 place du Châtelain
1050 Ixelles Bruxelles
J'aime beaucoup, beaucoup, beaucoup et Francis Ponge et Friederike von Rauch, en particulier cette photo de porte a cylindre.
ReplyDeleteMerci pour ce joli mot de cylindre. Porte à cylindre, ça fond dans la bouche...
DeleteJe découvre ce blog ce matin... et j'adore!! A très vite de mes visites!!
ReplyDeleteMerci pour ce gentil message. C'est toujours un très grand plaisir de découvrir quelques traces sur la neige de la page blanche.
DeleteJ'adore! J'aime particulièrement la résonance du vide entre ces entre-deux et cette blancheur grisâtre. Merci pour cette référence à Francis Ponge que j'ai délaissé depuis le lycée...
ReplyDeleteAdélie
Merci et bienvenue à vous!
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