Sa dernière Nuit de vivante
C'était une Nuit comme les Autres
Sauf qu'elle Mourait — et cela
Changeait pour nous l'Aspect des Choses
Nous remarquions les plus menues —
Auparavant inaperçues
Cette grande clarté sur nos Esprits
Les mettait — comme en italique.
Comme Nous allions et venions
Entre sa chambre finale
Et les chambres où ceux qui seraient
Vivants demain étaient, un Blâme
A l'idée que les Autres puissent vivre
Alors que tout était fini pour Elle
Une jalousie dans l'air envers Elle
Si proche de l'infini —
Nous avons attendu qu'Elle franchisse le pas —
Un moment étroit — Nos âmes —
Trop bousculées pour parler
Enfin l'avis est arrivé.
Emily Dickinson*
Valérie Lang nous a quittés dans la nuit du lundi 22 juillet. Elle est passée de l'autre côté, elle qui s'est longtemps tenue sur les bords entre joie et douleur, entre le monde des vivants et le monde des morts. Le lieu même de l'écriture, là où les fantômes se jouent à nous parler. Voleuse de feu, elle est allée jusqu'au bout de son désir sans jamais se retourner.
Inlassablement de sa voix grave et rauque, elle a sondé l'invisible, de sa nudité elle a incarné l'infini du texte, elle a fait transpirer l'opacité poreuse de chacun de ses plis. Par elle quelque chose est advenue, le corps du texte s'est fait chair.
Inlassablement de sa voix grave et rauque, elle a sondé l'invisible, de sa nudité elle a incarné l'infini du texte, elle a fait transpirer l'opacité poreuse de chacun de ses plis. Par elle quelque chose est advenue, le corps du texte s'est fait chair.
Liens: Quelque chose va advenir, entretien avec Valérie Lang et Stanislas Nordey, réalisé par Pascale Gateau et Valérie Valade, septembre 2011, Théâtre Ouvert, le journal
Hommage à Valérie Lang, Emissions spéciales, France Culture
Hiroshima mon amour, France info, Valérie Lang parle de son travail sur le texte de Marguerite Duras
*Emily Dickinson, Sa dernière Nuit de vivante, poème lu à haute voix par Françoise Gillard
1, 2 Hiroshi Ota et Valérie Lang dans Hiroshima mon amour de Marguerite Duras, mise en scène de Christine Letailleur, 2009, © Mario Del Curto