29.11.12

Nothing is Quite as it Seems. Arik Levy's Connection to Nature


"We are Nature--long have we been absent, but now we return;
We become plants, leaves, foliage, roots, barks;
We are bedded in the ground-- we are rocks(...)"

Walt Whitman

We Too--How Long We were Fooled*






















1, 2 , 3, 4, 6  Photographies © Ian Scigliuzzi
5 Bookstool for Eno, 2007




Arik Levy's work reminds us that nature is always triumphant at last, whatever its degree of absence in our lives and in art. He derives complex compositions from a basic biomorphic unit which reproduce a cosmos in itself. With his myriad computered rock sculptures he creates a new genetic life with its own codes, relentlessly growing, proliferating, moving. Using a large spectrum of materials, reflective for most of them, he shows us a multi-faceted world where "nothing is ever as it seems", where a new invented gravity force is at play. Displacement, reconstruction and absence seem to be the main laws of his interaction with the landscapes and surroundings. "Very quickly I understood that these pieces are about what is missing, what I have taken off, Absence." Bridging the worlds of design and art he engages in every field that requires heart and brains; paintings, photography, stage installations for contemporary dance; his activity like his creation is versatile. His invented organic world seems to be proliferating from its own will as if eluding its creator.


Le Passage de Retz est un lieu singulier, exigeant, lumineux. Ni galerie d'art, ni musée, sa fondatrice Jacqueline Frydman le construit comme un passage de mise en relation entre création et industrie pour favoriser le développement des métiers, des savoir-faire, de la recherche et des transferts de technologie. Apparences trompeuses retrace le parcours d'Arik levy depuis ses débuts de plasticien jusque Out thereson travail de Land art aux sculptures monumentales, engagé depuis quatre ans. Le passage de Retz lui a consacré deux expositions, Light Light, Arik Levy un futur à rencontrer en 1998 et Du bois dont on se chauffe Pascal Colrat - Arik Levy en 2005-2006. 





Arik Levy Apparences trompeuses
Passage de Retz
21 novembre 2012 - 13 janvier 2013
9 rue Charlot
75 003 Paris 
















24.11.12

Vertige fractal. Bleu Fortuny et rose Tiepolo






























A la recherche du fil perdu... Glanage quotidien... Sur les traces de Carpaccio, Fortuny, Marcel Proust et Gérard Macé, Venise, 2001 2 Tissu Fortuny, Mes carnets vénitiens 3 Tissu Fortuny, New designs, 5725  Sainte Chapelle urban violet & gold texture,  4 Tissu Fortuny ancien  5  Pascal Dombis Post-Digital Surface, 2011, 6 Isabelle de Borchgrave 7 Pascal DombisTime spirals 2009, The Cat Street Gallery Hong Kong 
Pascal Dombis, Irrational Geometrics, ( K BIII / C BI), 2007 




À tout hasard, je multipliais les gentillesses que je pouvais lui faire. Pour les robes de Fortuny, nous nous étions enfin décidés pour une bleu et or doublée de rose, qui venait d’être terminée. Et j’avais commandé tout de même les cinq auxquelles elle avait renoncé avec regret, par préférence pour celle-là. Pourtant, à la venue du printemps, deux mois ayant passé depuis ce que m’avait dit sa tante, je me laissai emporter par la colère, un soir. C’était justement celui où Albertine avait revêtu pour la première fois la robe de chambre bleu et or de Fortuny qui, en m’évoquant Venise, me faisait plus sentir encore ce que je sacrifiais pour elle, qui ne m’en savait aucun gré. Si je n’avais jamais vu Venise, j’en rêvais sans cesse, depuis ces vacances de Pâques qu’encore enfant j’avais dû y passer, et plus anciennement encore, par les gravures de Titien et les photographies de Giotto que Swann m’avait jadis données à Combray. La robe de Fortuny que portait ce soir-là Albertine me semblait comme l’ombre tentatrice de cette invisible Venise. Elle était envahie d’ornementation arabe, comme les palais de Venise dissimulés à la façon des sultanes derrière un voile ajouré de pierres, comme les reliures de la Bibliothèque Ambrosienne, comme les colonnes desquelles les oiseaux orientaux qui signifient alternativement la mort et la vie, se répétaient dans le miroitement de l’étoffe, d’un bleu profond qui, au fur et à mesure que mon regard s’y avançait, se changeait en or malléable par ces mêmes transmutations qui, devant la gondole qui s’avance, changent en métal flamboyant l’azur du grand canal. Et les manches étaient doublées d’un rose cerise, qui est si particulièrement vénitien qu’on l’appelle rose Tiepolo.

Marcel Proust, A la recherche du temps perdu, La prisonnière

Henri de Régnier, invité chez la mère de Mariano Fortuny au début des années 1900, décrit un tissu que pourrait bien avoir vu Marcel Proust lors de l'un de ses séjours au Palazzo Martinengo.
"C'est un admirable velours du XVème siècle, d'un bleu sombre gaufré d'arabesques de grand style, un velours d'un bleu étrange, sourd, profond et pur qui est comme le vêtement même de la nuit."

Henri de Régnier, L'Altana ou La vie vénitienne, p.170


Pour son projet, Contraintes vénitiennes, la Mercière ambulante se souvient de sa lecture de Proust.
"Le 20 juillet était le jour choisi pour visiter le Palazzo Fortuny.  Me souvenant que Le manteau créé par Fortuny, pour Albertine, dans  La Recherche du temps perdu était bleu, je décidai, sur le parcours, de ne ramasser que du fil bleu. "

En suivant le fil rouge d'une recherche sur les broderies de Louise Bourgeois, j'ai trouvé, par un heureux hasard auquel les anglophones donne le joli nom de serendipity, le blog de Marie-France Dubromel, Mercerie ambulante. Artiste textile, elle se définit comme une glaneuse de menus objets de rebut, de chiffons, de bouts de fils, de reliques. Mais l'heureuse trouvaille ne s'est pas arrêtée là. Alors que je tissais la trame de ce petit billet, une visite rendue hier à la Galerie IBU m'a fait découvrir le travail de Pascal Dombis, artiste fractaliste. Il ne me manquait que quelques fils pour finir de tisser ce petit fragment digital sous le signe du collage et de l' aléatoire, proliférant et chaotique à l'oeuvre sur la toile. Lorsque des dizaines de pages et de signets sont ouverts et se font signe et que les navettes  glissent entre les fils de chaine sans plus se soucier de notre fil d'Ariane, le texte se fait tissu pour mieux se jouer de l'étymologieComme dans le passage de Proust où les couleurs se confondent par transmutation, le rouge s'est perdu provisoirement dans le  bleu.




Pascal Dombis Solo Show 
Jardins du Palais Royal
166 Galerie de Valois
75001 Paris
18 octobre 2012 - 12 janvier 2013

Contact: Cyril Ermel












21.11.12

Chasse aux images. Aragon ou la confusion des genres



"L'humanité rêve en chacun de nous."

Louis Aragon





























O tout ce que je ne dis pas
Ce que je ne dis à personne
Le malheur c'est que cela sonne
Et cogne obstinément en moi.


Aragon, Le fou d'Elsa





"Il était mince et très beau comme un piano", dit de lui Elsa Triolet... Son roman familial truqué dès l'enfance -- on ne lui raconte que des mensonges sur sa filiation, le prépare à devenir insaisissable, infixable et indéfinissable. Brouillé avec la chronologie, tout est réversible chez lui jusqu'à son identité la plus intime. Impossible à saisir, à photographier, ou à croquer -- Matisse se plaint qu'il bouge et change tout le temps et ne fait pas moins de trente-deux crayonnés et dessins à la plume de son modèle; il affectionne la confusion des genres en littérature et dans la vie. Personnalité complexe aux multiples facettes, les collages sur les murs de son appartement qui courent  jusque dans la cuisine et dans la chambre et qu'il remanie sans cesse ressemblent à des paysages atmosphériques, à des portraits mouvants de ses états d'âme, à un cabinet de curiosité où sont épinglées des collections d'insectes inventés, à un musée imaginaire où déferle une grande vague de rêves. Cette chasse aux images est omniprésente sur ses murs comme dans son manifeste du surréalisme Une vague de rêves où il se profile en chasseur:
"C'était au temps où nous réunissant le soir comme des chasseurs, nous faisions notre tableau de la journée, le compte des bêtes que nous avions inventées, des plantes fantastiques, des images abattues."   





Exposition 56 rue de Varenne, collages
Maison Elsa Triolet-Aragon
  22 septembre - 30 novembre 2012
78 730 Saint Arnoult en Yvelyne*





*accès en bus depuis la gare de Rambouillet













1,2,3,4 Claude Bricage, Aragon, rue de Varenne, la chambre 1981. 5 Claude Bricage, Aragon, rue de Varenne, 1981Tirage en couleur, velours d'époque, épreuve d'artiste. 50 x 50 cm. Catalogue Drouot. 6 Olivier Thomas, Louis Aragon, 56  rue de Varenne, mai 1982. 7 Olivier Thomas, Louis Aragon dans sa cuisine avec sa bonne, mai 1982 , Fedephoto 8, 9 Henri Matisse, portraits d'Aragon 




 Daniel Bougnoux, Aragon, la confusion des genres, Gallimard, octobre 2012









19.11.12

The Birth of Gravity. Yuriko Takagi's Dialogue with the Earth

“It was less like seeing than like being for the first time seen,

knocked breathless by a powerful glance.” 























Photographies Yuriko Takagi, The Birth og Gravity, silverprints made by the artist and inkjet prints on diasec, edition of 10 or 4. Courtesy Galerie Lazarew



L'artiste japonaise photographe Yuriko Takagi découpe le monde des paysages terrestres en deux grandes catégories, les paysages secs, arides et les paysages gras, humides. Attirée par le minéral et les altitudes élevées, elle traque jusqu'à l'obsession l'intime d'un paysage, le point de fusion entre l'être humain et son environnement naturel. Ses photographies argentiques en noir et blanc dont elle réalise elle-même les tirages rendent compte de son attention extrême aux textures et à leurs différentes formes d'expression. Tandis que les corps se font paysage, les paysages se font peau. Les codes de la représentation du nu et du paysage sont profondément renouvelés par la relation directe qu'elle noue avec les locaux dont elle ne parle pas la langue mais qui semblent comprendre sa démarche sans le recours au langage des mots. C'est qu'elle s'adresse à l'intime de chacun d'entre nous, ce qui profondément nous ancre à la terre que nous habitons, à cette loi de gravité que nous partageons et qui nous rappelle que notre terre est un corps céleste. Depuis plus de quinze ans l'artiste travaille sur ce projet, Birth of Gravity et parcourt le monde* à la recherche de correspondances remarquables entre des présences humaines et des identités géologiques. Son travail fait partie de collections prestigieuses comme le Musée national d'art moderne de Tokyo (MOMAT) ou le Musée d'art contemporain de Shangaï(MOCA). Très connue pour ses photographies de mode, notamment pour sa série pour Issey Miyake, Pleats Please Travel Through The Planet, son travail personnel n'avait encore jamais été  montré en France.   

*Argentine, Bolivie, Chili, Chine, Inde, Indonesie, Hawaï, Namibie, Okinawa


14 rue du Perche
75003 Paris
15 11 2012 - 15 01 2013

contact: Laura de Pontcharra














12.11.12

Choses élégantes. Tenka Gammelgaard & Louis Poulsen



Choses élégantes 

Dans un bol de métal neuf, on a mis du sirop de liane avec de la glace pilée.
Un rosaire en cristal de roche.
De la neige tombée sur les fleurs des glycines et des pruniers.




















All photographies © Jacob Termansen




Louis Poulsen's elegant lamps shot in Danish artist Tenka Gammelgaard's studio for the new Louis Poulsen catalogue, it is already history and a classic! Thank you so much to the great  lady for sharing her world  with so much generosity.


TENKA GAMMELGAARD GOES LOUIS POULSEN
SEE THE EXHIBITION EVERY DAY UNTIL  THE 22 NOVEMBER 2012................................. AT LOUIS POULSENs SHOWROOM....... GL.STRAND.......... COPENHAGEN










Elegant things

A white coat worn over a violet waist coat.
Duck eggs.
Shaved ice mixed with liana syrup and put in a new silver bowl.
A rosary of rock crystal.
Wisteria blossoms. Plum blossoms covered with snow.
A pretty child eating strawberries.










9.11.12

Eternity's White Flag*. Emily Dickinson's Haunted Lines



…I open my window, and it fills the chamber with white dirt. I think God must be dusting;

Emily Dickinson

 March, 1873, Letters 229

























1, 2,  Photographies © Annie Leibowitz, E. Dickinson's White DressPilgrimage
3 E. Dickinson's portrait, daguerreotype, circa 1846, Emily Dickinson Museum
4,5  Jen Bervin, Dickinson Fascicles
Jen Bervin, The Dickinson Composites, Granary Books 2010 



A solemn thing – it was – I said –

A Woman – White – to be –

And wear – if God should count me fit –

Her blameless mystery –

*

Her hand was whiter than the sperm

That feeds the sacred light.

*

How counterfeit the white

We chiefly have!

*


*Our journey had advancedpoem on Project Gutenberg

**Her face was in a bed of hair,
Like flowers in a plot –
Her hand was whiter than the sperm
That feeds the sacred light.
Her tongue more tender than the tune
That totters in the leaves –
Who hears may be incredulous,
Who witnesses believes.

***Unworthy of her Breast
Though by that scathing test
What Soul survive?
By her exacting light
How counterfeit the white
We chiefly have!





Poet and visual artist Jen Bervin  embroidered an ongoing series of Dickinson's poems on large quilts. Her work gives to see the striking evidence of Dickinson's marks as an integral part of her poetics. The Dickinson Fascicles  metamorphosed in an artist book, The Dickinson Composites, published by Granary Books in 2010. In the box are two sewn samples and an essay in which she elucidates Dickinson's variant marking system in her poetry manuscripts and provides further context for the quilts. "The fascicles from which I made composites showed clearly identifiable shifts in the size, gesture, frequency, and distribution of the marks. In contemplating such an odd physical study, one naturally forms one’s own questions about the nature and meaning of the marks; it makes their presence on the facsimile manuscript page more striking, systemic, factual—and their omission from typeset poems more evident. I have never doubted Dickinson’s profound precision, however private, nor that the energetic relation of these marks and variants is anything but integral to her poetics. I have come to feel that specificity of the + and – marks in relation to Dickinson’s work are aligned with a larger gesture that her poems make as they exit and exceed the known world. They go vast with her poems. They risk, double, displace, fragment, unfix, and gesture to the furthest beyond—to loss, to the infinite, to “exstasy,” to extremity," she writes.









... white, although often considered as no colour (a theory largely
due to the Impressionists, who saw no white in nature), is a
symbol of a world from which all colours as a definite attribute has
disappeared. This world is too far above us for its harmony to
touch our souls. A great silence, like an impenetrable wall, shrouds
its life from our understanding. White, therefore, has its harmony
of silence, which works upon us negatively, like many pauses in
music that break temporarily the melody. It is not a dead silence,
but one pregnant with possibilities. White has the appeal of the
nothingness that is before birth, of the world in the ice age.